
À la Une

« Il n’est pas question de déconstruction mais de confrontation. »

L’écoute et l’écho
Une émission autour de « Feu follet »

« Les caisses de grève donnent confiance aux grévistes et effrayent leurs adversaires. »
Une histoire politique des caisses de grève. Entretien avec Gabriel Rosenman
Jef Klak va voir ailleurs
Précédemment dans Jef Klak

Les lacrymos, une arme de guerre civile Comment les gaz devinrent le poison favori des suprémacistes blancs
Traduit de l’anglais (États-Unis) par Unai Aranceta, Ferdinand Cazalis et Elvina Le Poul
Texte original : « How Tear Gas Became the White Supremacist’s Favorite Poison », Mother Jones, 8 juin 2020.
Armes de « contrôle des foules » par excellence, les gaz lacrymogènes semblent être devenus l’un des outils privilégiés du maintien de l’ordre contemporain. Leur usage dans le cadre de manifestations publiques s’est systématisé ces dernières années, au point que l’image de rassemblements noyés sous les gaz semblent être devenue la norme. Aux États-Unis, la répression des mouvements Black Lives Matter a apporté une nouvelle illustration de l’usage disproportionné que la police fait de ses armes, en particulier lorsqu’il s’agit d’étouffer les revendications des groupes les plus discriminés. Mais alors que l’expérience des effets des gaz est de plus en plus partagée, leur histoire, qui plonge ses racines dans la Première Guerre mondiale puis dans la gestion coloniale, reste souvent méconnue.

American gods stories Migrations forcées, cultes détournés
Dans American Gods (2001), le romancier et scénariste de comics Neil Gaiman décrit les déboires de dieux et déesses de l’Ancien Monde débarqué·es en Amérique du Nord avec leurs fidèles. En mal d’adorateurs et d’adoratrices et en prise avec l’arrogance des nouvelles divinités du capitalisme, leur parcours fait écho à celui de millions de personnes ayant eu un jour à faire des États-Unis leur chez-soi. Seize ans plus tard, les scénaristes de la série adaptée du roman ont voulu prolonger ce parallèle jusqu’à l’ère Trump, insistant sur le continuum multimillénaire de l’histoire des migrations vers le sol américain. Anatomie comparée.

Pour ne plus taire les jours où Parole à voix nue et ses résonances
Le mouvement #Metoo, et de façon saillante certaines prises de parole, celles d’Adèle Haenel et, plus récemment de Camille Kouchner, comme mille autres récits d’abus, de viols, ont modifié l’écoute sociale envers les oppressions sexuelles. En s’intéressant aux feux qui couvent, le disque Terre de feu, qui accompagne le septième numéro de la revue papier Jef Klak, s’en fait chambre d’écho. L. s’est emparée du dispositif d’écoute et d’enregistrement que lui a tendu Aude Rabillon pour penser, énoncer, l’inceste qu’elle a subi. Elle perce les couches de silence et fait entendre la violence qui se propage en elle, et qui nous est impartie.

Fais-moi belle
Image de Une : Chloé Bertron
« Ta sueur d’aujourd’hui, c’est ton sourire de demain. » Hommage à celleux, passants prévenants, oncle ou voisine diligente, médecin et autres coaches sportifs à la petite semaine, qui nous veulent du bien.

Une bombe judiciaire à retardement Infortunes d’un manifestant face à une répression qui prend son temps
En 2016, Max a participé à un blocage contre la loi Travail. Ce jour-là, il est interpellé pour un pétard qu’il n’a pas lancé. La presse s’en mêle, la machine répressive s’emballe et dix policiers se plaignent opportunément d’acouphènes. S’en suivent procès au pénal et procès au civil. Le 8 décembre 2020, un tribunal vient de condamner Max à verser 82 000 euros de dommages et intérêts à ces policiers.

Covid-19 : la technologie ne nous sauvera pas Technosolutions pour détourner l’attention
Traduit de l’italien par Cabiria Chomel, Lucile Dumont et Claire Feasson
Texte original : « Pandemia. Di tecno-assoluzionismo e di come la tecnologia non ci salverà », <unit.abbiamoundominio.org>, le 7 mai 2020.
Alors qu’en cette rentrée, les dernières illusions de sortie de crise sanitaire s’évanouissent, chacun⋅e est invité⋅e à reprendre travail, école et loisirs. Qu’importe si les capacités de tests et de soin restent insuffisantes, et si les directrices d’école et les chefs d’entreprise espèrent ne pas avoir bientôt à déclarer un nouveau cluster. Pour (un peu) se rassurer, il faudrait compter sur la nouvelle grammaire numérique testée à grande échelle pendant le confinement : visioconférences, téléconsultations, applis de traçage, etc. Un collectif de hackers italien⋅nes passe en revue quelques-uns des écrans de fumée digitaux qu’on nous sert sur un plateau.

« La clé de cette grève des loyers est de l’étendre là où on ne l’attend pas. » Entretiens autour des mobilisations de locataires et de la grève des loyers aux États-Unis (3/3)
Photographies : L. Dumont et M. Pastor.
Partout dans le monde, la pandémie de Covid-19 agit comme un puissant révélateur des inégalités sociales. Aux États-Unis elle s’articule notamment à la crise du logement que connaît le pays depuis de nombreuses années: la spéculation immobilière, la gentrification et la flambée des loyers ont conduit à une explosion du nombre de sans-abri ces dernières années. La crise sanitaire et les pertes d’emploi qu’elle a entraîné a mis de très nombreux⋅ses locataires dans l’impossibilité de payer leur loyer. Face à des mesures insuffisantes de la part des pouvoirs publics, les appels à la grève des loyers se sont multipliés, et les mobilisations autour des questions de logement ont nourri la dynamique existante des syndicats de locataires dans plusieurs grandes villes.
Entretien avec Lexie Cook, de l’université Columbia à New York, et avec Lenora Hanson, de l’université de New York (NYU).

Garlic Lady vs. Draculords : résister aux propriétaires-vampires Entretiens autour des mobilisations de locataires et de la grève des loyers aux États-Unis (2/3)
Image de une : L. Dumont et M. Pastor.
Partout dans le monde, la pandémie de Covid-19 agit comme un puissant révélateur des inégalités sociales. Aux États-Unis, elle s’articule notamment à la crise du logement que connaît le pays depuis de nombreuses années: la spéculation immobilière, la gentrification et la flambée des loyers ont conduit à une explosion du nombre de sans-abris. La crise sanitaire et les pertes d’emploi qu’elle a entraînées ont mis de très nombreux⋅ses locataires dans l’impossibilité de payer leur loyer. Face à des mesures insuffisantes de la part des pouvoirs publics, les appels à la grève des loyers se sont multipliés, et les mobilisations autour des questions de logement ont nourri la dynamique existante des syndicats de locataires dans plusieurs grandes villes.
Entretien avec Corine Ombongo-Golden, locataire d’un appartement dans le Bronx à New York, membre de Right to Counsel et North West Bronx Community and Clergy Coalition (NWBCCC).

« L’arme la plus puissante des locataires est de ne pas payer leur loyer. » Entretiens autour des mobilisations de locataires et de la grève des loyers aux États-Unis (1/3)
Image de une : L. Dumont et M. Pastor.
Partout dans le monde, la pandémie de Covid-19 agit comme un puissant révélateur des inégalités sociales. Aux États-Unis, elle s’articule notamment à la crise du logement que connaît le pays depuis de nombreuses années: la spéculation immobilière, la gentrification et la flambée des loyers ont conduit à une explosion du nombre de sans-abris. La crise sanitaire et les pertes d’emploi qu’elle a entraînées ont mis de très nombreux⋅ses locataires dans l’impossibilité de payer leur loyer. Face à des mesures insuffisantes de la part des pouvoirs publics, les appels à la grève des loyers se sont multipliés, et les mobilisations autour des questions de logement ont nourri la dynamique existante des syndicats de locataires dans plusieurs grandes villes.
Entretien avec Rob Wohl, qui participe à la campagne Stomp Out Slumlords à Washington, et Julian Francis Park, membre du Tenant and Neighborhood Councils à Oakland, dans la baie de San Francisco.

Que faire de la police ? Les fonctions du maintien de l'ordre social en question
Lamine Dieng, Babacar Gueye, Adama Traoré… La liste est longue des personnes racisées tuées par la police en France. Impunité des forces de l’ordre, contrôles au faciès, insultes répétées, omerta au sein des services de police… Les pléthoriques injustices à l’œuvre dans le « maintien de l’ordre » sont avérées par de nombreuses études. Maintenir un ordre social injuste, telle est la doctrine de la police ; et partout l’on supprime des postes (dans la santé, l’éducation, le travail social), pendant que les moyens alloués au ministère de l’Intérieur ne font qu’augmenter. La logique est claire dans l’histoire néolibérale des quarante dernières années : transférer les budgets pour la prévention et l’émancipation dans les secteurs de la répression et de l’enfermement. C’est contre ce choix de société que nombre de citoyen·nes des États-Unis se battent en faveur d’une abolition de la police. Et c’est pour un autre modèle social qu’est né le mouvement « Defund the police » (« Couper les vivres à la police ») à la suite du crime policier qui a tué Georges Floyd en mai 2020. L’allocution du sociologue d’Alex S. Vitale (auteur de The End of Policing, Verso, 2017) traduite ici rappelle ce travail de base des militant·es abolitionnistes pour changer de modèle. Plutôt que budgétiser une police contre la population et d’essayer de rendre sympathique celles et ceux qui sont payé·es pour terroriser, nous devrions refuser la légitimité de leur fonction et rediriger l’argent public dans des missions sociales : le logement, le soin, l’entraide. Jef Klak a décidé d’accompagner ce texte de la traduction d’un tableau réalisé par le groupe Critical Resistance pour détailler les mesures qui ne font qu’élargir les pouvoirs de la police sous couvert de réformes humanistes, au lieu de repenser en profondeur une organisation sociale au service des plus riches et du racisme systémique.
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