Jef Klak va voir ailleurs

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« Chase those crazy baldheads out of town » De 1986 à 2020, histoire et actualité des luttes en Haïti

Traduction de l’anglais (É-U) : Unai Aranceta et Ferdinand Cazalis
Texte original : « Chase those crazy baldheads out of town », Commune Magazine, 17 janvier 2020.

Le 7 février 1986, après trois ans de luttes populaires, Haïti mettait enfin un terme à la dynastie des Duvaliers. Poussé à l’exil, le tyran Jean-Claude Duvalier laissait le pays avec une dette de 844 millions de dollars envers des institutions internationales. Une histoire sans fin : en 2019, le président Jovenel Moïse et des élites du pays furent accusées d’avoir détourné quelque deux milliards d’aides internationales. Aujourd’hui encore, le peuple prend la rue et multiplie les blocages économiques. Entre catastrophes naturelles, misère institutionnalisée et condescendance de la communauté internationale, une jeune génération de révolté·es s’organise pour reprendre en main son destin politique.
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« Banlieue is the new cool » Grand Paris et instrumentalisation des musiques électroniques

Depuis les années 2010, les musiques électroniques ont le vent en poupe à Paris. Au début de la décennie, un ensemble d’acteur⋅ices institutionnel⋅les, publiques et privées, se sont en effet accordées autour de la mise en place de politiques de la nuit. Se conformant aux principes de la ville créative, iels ont facilité le développement d’activités festives qui se sont tout particulièrement déployées dans la banlieue parisienne. Ce fleurissement n’a malheureusement pas échappé à des formes d’instrumentalisation de la culture, accompagnant parfois de près les politiques urbaines qui préparent le Grand Paris.
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Pour une grève permanente des loyers Locataires en lutte et auto-organisation des sans-abri en Californie

La baie de San Francisco subit une crise du logement sans précédent. La hausse vertigineuse des loyers et les incendies monstres qui ravagent la Californie ont conduit 29 000 personnes à dormir dans la rue, tandis que presque la moitié des habitant·es envisage de quitter la région en raison du coût élevé des locations.

Face aux expulsions massives dues à cette double catastrophe sociale et écologique, les sans-abri se sont regroupé⋅es en campements autogérés et les locataires ont créé des syndicats pour déclarer la grève des loyers. Retour sur ces pratiques de lutte contre la gentrification et la spéculation immobilière, où les plus précaires – en grande partie non blanc⋅hes – s’auto-organisent, au grand dam des élites économiques et politiques.

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Il n’y a pas de crise du logement Le syndicat des locataires de Los Angeles en 101 points

Depuis 2015, le syndicat des locataires de Los Angeles (LA Tenants Union ou LATU) s’organise pour que chacun⋅e ait droit à un logement décent dans son quartier. Dénonçant les faux arguments des propriétaires visant à ménager le marché de l’immobilier et les mesures gouvernementales court-termistes, le LATU participe d’un vaste mouvement social qui frappe là où ça fait mal, à coups d’occupations et de grèves des loyers. Manifeste.

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La psychiatrie sous contention financière Patient⋅es et soignant⋅es face aux lambeaux de l’hôpital public

Cela fait plus de dix ans que le monde du soin psychiatrique en France est entré en résistance contre le programme de contrôle de la folie que les personnes en lutte qualifient de « nuit sécuritaire ». Ce tournant idéologique, initié par un discours de Nicolas Sarkozy fin 2008 prêchant les soins sous contrainte, s’est appuyé par la suite sur une profonde réorganisation du travail en hôpital : politique d’austérité budgétaire, introduction de techniques de management et de démarches « qualité », etc. Si bien que des collectifs de soignant·es – comme Les perchés du Havre, Pinel en lutte ou Les Blouses noires – se joignent à présent aux patient⋅es pour crier leur écœurement devant le retour des pratiques les plus inhumaines de l’univers asilaire.

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« Demande-toi ce que tu peux faire pour t’en sortir. » Le monde du développement personnel. Entretien avec Nicolas Marquis

Les livres de développement personnel se vendent comme des petits pains, particulièrement en ces temps de bonnes résolutions. Depuis leur essor, qu’on les perçoivent comme symptômes d’un malaise culturel ou comme une nouvelle technique de pouvoir, ils suscitent dédains, moqueries et inquiétudes. Pourtant, de nombreux.ses lectrices et lecteurs considèrent que ces écrits leur ont sauvé la vie. Dans Du bien-être au marché du malaise (PUF, 2014), le sociologue Nicolas Marquis a pris le soin de partir de ces expériences de lecture pour réinterroger le monde qui les rend si désirables.

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Strasbourg, capitale de la clôture Chronique d’un campement précaire

Un peu partout, des gens dans la misère s’installent et vivent dans des campements de fortune. Parfois aussi, ils y meurent. C’est ce qui s’est passé le 25 mai 2019 à Strasbourg, dans le campement du parc des glacis, à proximité de la rue du rempart, où précarité sociale et transformation urbaine se télescopent.

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Les abeilles derrière les fenêtres Le travail au ras des pâquerettes – Épisode 3

De 2007 à 2014, Lise Gaignard a écrit pour Alternative libertaire, sous le pseudonyme de Marie-Louise Michel, des « Chroniques du travail aliéné », réunies et publiées par les Éditions d’une. Psychanalyste en ville et en campagne contre la servitude passionnelle, elle nous fait partager ses tribulations institutionnelles, passant de l’analyse des processus psychiques mobilisés par le réel du travail à la psychothérapie institutionnelle, pratique thérapeutique marchant sur deux jambes – Karl Marx et Sigmund Freud – pour analyser ensemble aliénation psychopathologique et aliénation sociale.

Dans ce troisième épisode écrit pour Jef Klak, Lise Gaignard nous plonge dans l’univers effrayant du « tchat » commercial, en compagnie d’Aline Torterat, médecine du travail.

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Catalogne : les luttes dans la lutte Récit des Marches pour la Liberté – octobre 2019

Alors que le dictateur Franco vient d’être exhumé en grandes pompes par la monarchie et le gouvernement espagnols, la Catalogne pro-républicaine brûle de rage. Neuf dirigeant·es de partis ou d’associations indépendantistes, accusé·es d’avoir aidé l’organisation d’un référendum en 2017, viennent d’être condamné·es pour sédition envers l’État à des peines allant de 9 à 13 ans ferme. En contrechamp des images de guerilla urbaine et de violences policières qui tournent en boucle sur les réseaux sociaux et les grands médias, le peuple catalan multiplie les actions symboliques et renforce les liens de solidarité. Le 15 octobre 2019, cinq marches parties de diverses villes du pays ont rassemblé des milliers de personnes appelées à rejoindre l’appel de grève générale trois jours plus tard à Barcelone. L’ambiance et les discours qui animaient ces cortèges permettent de se faire une idée du sens d’une lutte qui en contient mille autres.
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