
À la Une

« Il n’est pas question de déconstruction mais de confrontation. »

L’écoute et l’écho
Une émission autour de « Feu follet »

« Les caisses de grève donnent confiance aux grévistes et effrayent leurs adversaires. »
Une histoire politique des caisses de grève. Entretien avec Gabriel Rosenman
Jef Klak va voir ailleurs
Précédemment dans Jef Klak

« J’espère reprendre la semaine prochaine. » Entretien de fond pour garder la forme
Nager 4 km, puis pédaler sur 180 km, avant de finir par… un marathon, forcément, ça ne se fait pas sur un coup de tête. Il faut se préparer, 8 à 12 heures par semaine, redécouvrir son corps, son alimentation, son sommeil et ses limites. Quand Thomas s’est lancé dans cet entraînement, il se doutait bien qu’il allait lever le pied sur la picole, et que son quotidien serait bouleversé par une organisation drastique. Mais à ce point-là…

Maremme amère Toscane, souffrances et cultures ouvrières. Entretien avec Alberto Prunetti
traduction par Muriel Morelli et Laura Brignon
Alberto Prunetti a grandi à Follonica, une ville située en haute Maremme, région faisant partie de la Toscane. Dans Amianto 1, il raconte la vie d’ouvrier itinérant que mena son père, sa maladie, due à l’amiante, contractée sur les chantiers où il travaillait, tout en entrecoupant son récit par ses souvenirs d’enfance dans cette cité industrielle. Son livre, à la fois tragique, drôle et tendre, donne une image non tronquée de ce que les économistes appellent complaisamment le « miracle économique italien », dont on occulte toujours le coût humain et environnemental 2.
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L’année du wombat Pour un communisme du soin
Traduit de l’anglais (É-U) par Unai Aranceta et Violaine Lamouret
Au tout début de l’année 2020, ce n’est pas encore à la chauve-souris et aux zoonoses que l’on s’intéresse mais au destin des animaux pris au piège dans les énormes feux de forêt en Australie.
Parmi les millions d’êtres vivants qui périssent dans les flammes ou dont l’habitat est ravagé, le wombat fait peu à peu parler de lui. Petit marsupial ressemblant vaguement à un ours, il creuse et vit dans des terriers à l’intérieur des forêts montagneuses d’Australie. Au cœur du danger, il n’hésite pas à accueillir d’autres congénères et d’autres espèces au sein de ses galeries.
Madeline Lane-McKinkey, rédactrice pour Commune et l’une des fondatrices de Blind Field : A Journal of Cultural Inquiry fait ici le pont entre l’expérience des désastres (sanitaire comme écologique) et l’instinct du wombat pour évoquer les luttes du collectif Moms 4 Housing à Oakland, en Californie.

Les cartes magiques de Jef Micropolitique d’une revue
Dessins : Maya Mihindou et Céline Picard
Comment fonctionnent les rôles implicites et récurrents que chacun·e endosse tour à tour dans les collectifs ? Pour le sixième numéro de sa revue papier, « Pied à terre », Jef Klak a dressé un inventaire non exhaustif de ces fonctions, assumées ou subies, jouées ou évitées, qui circulent sur ses différents terrains : salles de réunion, lieux de résidences, fêtes de soutien, fils de mails ou réseaux sociaux.

Un terrain favorable
Images : Lucas Ferrero.
« Il y a un terrain qui est à ma grand-mère qui est morte, voilà. Il fallait que je vous le dise dès le début parce que plus j’y réfléchis, moins je sais l’expliquer. »
Jef Klak republie ici un texte extrait du sixième numéro de sa revue papier, « Pied à terre », encore disponible en librairie, issu du partenariat avec le Master de création littéraire de Paris 8.

La recherche s’aventure en terres indigènes Perspectives maories sur l’exploration scientifique coloniale
Traduit de l’anglais par Samuel Lamontagne et Elvina Le Poul.
Extrait du chapitre « Research Adventures on indigenous lands » de Decolonizing Methodologies. Research and Indigenous Peoples (Zed Books ldt / University of Otago Press, 1999).
Que ce soit James Cook dans le Pacifique ou David Livingstone en Afrique australe, les récits des aventuriers européens des XVIIIe et XIXe siècles ont largement contribué à modelé le regard occidental sur les territoires et les corps qu’ils ont parcourus. Professeure d’Études indigènes maorie, Linda Tuhiwai Smith lutte contre l’invisibilisation des perspectives indigènes et la colonialité inhérente à la production du savoir scientifique 1. À partir de l’expérience maorie, elle remet en cause les méthodes et le rapport aux sources fondés sur la désappropriation, et l’imposition d’un partage entre celleux qui font de la recherche et celleux qui en sont l’objet.
Dans son livre Decolonizing Methodologies. Research and Indigenous Peoples, paru en 1999 mais à ce jour inédit en français, elle renverse la perspective posée par les récits de voyage des explorateur⋅ices européen⋅nes en terres maories, investiguant ce qui se jouait dans l’ombre de ces chroniques romanesques dans un contexte où la recherche scientifique était indissociable des activités coloniales.

Chambouler rôles et casseroles Retour collectif sur une grève de femmes sans-terre en Amazonie
Images : Marcos Santilli
Dans l’État du Rondônia, au Brésil, des paysan·nes sans terre occupent de grandes propriétés contre la confiscation des richesses foncières par une poignée de fortuné·es. Entre le travail agricole, le quotidien de la lutte et l’État policier répressif, ils et elles passent sans cesse d’une urgence à l’autre. C’est pourtant en plein milieu d’une occupation qu’un groupe de femmes lance un pavé dans la mare et dépose, en 1995, un préavis de grève illimitée du travail domestique. Rompant pendant plus de six mois avec les rythmes collectifs, elles prennent le temps de penser leur situation, leurs problèmes et leurs besoins spécifiques, et bouleversent durablement la vie de leur communauté.
À l’occasion de la journée internationale de lutte pour les droits des femmes, Jef Klak publie ici cet article initialement publié dans le sixième numéro de sa revue papier, « Pied à terre », encore disponible en librairie.

Difé Bananes, chlordécone, cancers
Samedi 27 février 2021, des milliers de manifestant·es se sont rassemblé·es en Martinique, en Guadeloupe et à Paris pour protester contre le déni de justice vécu par les victimes de l’empoisonnement au chlordécone.
Les tribunaux renâclent à établir les responsabilités et la plainte déposée en 2006 est menacée de prescription. Le pesticide, dont la toxicité est connue depuis le début des années 1960, a pourtant été épandu dans les bananeraies de Martinique et de Guadeloupe pour lesquelles il a bénéficié de multiples autorisations dérogatoires jusqu’au milieu des années 1990. Polluant organique persistant et perturbateur endocrinien, il a contaminé les sols, l’eau et les corps – 90 % de la population est touchée – entraînant notamment une explosion du nombre de cancers.
Dans cette pièce sonore , réalisée pour le disque Terre de feu qui accompagne le septième numéro de Jef Klak, résonnent les sonorités du travail agricole de femmes et d’hommes qui approvisionnent en bananes les marchés des pays occidentaux. De la polyphonie nocturne des grenouilles hylodes de Basse-Terre surgit un appel pour sortir de la grande nuit : Difé, difé limanité ki la, difé 1 !
- « Le feu, c’est le feu de l’humanité, le feu ! » ↩

C’est la route qui compte Portrait de Jef Klak en travailleur⋅se du son
En février 2020 et dans la continuité de l’autoenquête travaillée dans notre numéro « Pied à terre », le groupe son de Jef Klak était invité au festival « Longueur d’ondes » à Brest. À plusieurs voix, nous sommes revenu⋅es sur les pratiques collectives du son en dressant un panorama de nos recherches et expérimentations de différents modes de productions et de collaborations. Au delà du plaisir et de l’enjeu de fabriquer ensemble, comment produire des œuvres, des objets culturels sans avoir de chaînes de hiérarchie entre nous ?
Discussions et écoute d’extraits de nos différentes créations sonores pour faire entendre nos tentatives et nos réflexions, et entrer ainsi dans la fabrique collective du collectif…

« Une fourche, un mouchoir, et tu te débrouilles. » La fabrique des colons en Nouvelle-Calédonie. Entretien avec Isabelle Merle
Au milieu du XIXe siècle, la montée en puissance du secteur industriel et la concentration urbaine modifient en profondeur la société française. Les laissé·es pour compte sont de plus en plus nombreux·ses dans les faubourgs, et les vols font la une des journaux. Pour se débarrasser de ce « trop-plein » et résoudre une question sociale de plus en plus pressante, l’État décide d’établir en terres australes une petite France à l’antipode de la métropole : la Nouvelle-Calédonie. Pour leur plus grand malheur, les Kanak voient leur île se transformer en une colonie pénitentiaire et résidentielle, sur laquelle le pouvoir colonial attribue des bouts de terres spoliées aux ex-bagnards et aux colons libres, dans l’espoir d’en faire des paysans laborieux. L’historienne Isabelle Merle, auteure d’Expériences coloniales. La Nouvelle-Calédonie. 1853-1920 (Anacharsis, 2020), revient avec nous sur le rôle et l’évolution de ces rouages de l’entreprise coloniale.