Jef Klak va voir ailleurs

Précédemment dans Jef Klak

La radicalisation n’existe pas, ce qui ne veut pas dire qu’elle ne soit rien Les sciences sociales à l’appui d’une nouvelle raison d’État

Le discours sur la radicalisation s’est amplifié depuis les attentats de 2015 à Paris. Un champ de recherche s’est constitué autour de cette notion confuse, nourri de savoirs produits par des chercheur·es en sciences sociales. Contestables, ces savoirs ont l’avantage d’être prêts à l’emploi pour toutes sortes d’instances, des services sociaux à l’institution pénitentiaire, et sont mobilisés aussi bien dans les discours politiques qu’administratifs.

Hamza Esmili, doctorant en sociologie, revient sur l’élaboration de ce concept bancal qui permet utilement de dépolitiser la violence qu’il cible et de réaffirmer l’ordre libéral et les contours souverains de la nation.

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Action(naires)/ Réaction(naires) Notes sur La Société ingouvernable de Grégoire Chamayou

Contrairement à sa dépolitisante condamnation médiatique et policière, la joyeuse mise à feu et à sac de « la plus belle avenue du monde » par une rue jaune de rage samedi dernier a été un message clair aux maîtres (de la fin) du monde. Pas simplement adressé gouvernement actuel de l’entreprise-France, mais aussi aux multinationales, ces gouvernements privés qui tentent encore de faire croire que leurs décisions répondent à une raison économique par delà le bien et le mal, par delà le politique. Dans La Société ingouvernable. Une généalogie du libéralisme autoritaire (La Fabrique, 2018), Grégoire Chamayou décrypte cette soi-disant raison économique en relisant les écrits et controverses des théoriciens du management et autres militants de l’économie ; il propose à ses lecteurs et lectrices une boîte à outil pour mieux appréhender les formes contemporaines du pouvoir. Mathieu Triclot nous en livre une recension placée sous le signe de l’amitié philosophique : pas de regard expert, mais une lecture critique d’un ouvrage qui cogne et enrage.
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BD – Martine au Lycée Ou comment Macron veut détruire l’avenir de nos enfants

Scénario : Des lycéen⋅nes et des profs des Ardennes

« Lutter, c’est créer », disait l’autre. Quand, sur les terres oubliées des Ardennes, profs et lycéen·nes se réunissent hors des heures de cours pour discuter ensemble de la réforme Blanquer, cela donne une magnifique bande-dessinée illustrée par l’excellentissime Baptiste Alchourroun. En deux pages, tout comprendre ou presque des injustices sociales en marche dans l’école publique ! Du matos à télécharger pour informer sur les piquets de grève, dans les salles de profs et manifs lycéennes. Ou pour créer de nouvelles alliances. Cadeau.
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Manuel pour les habitants des villes 2/3 : Pour l’instant c’est là qu’on habite Enquête en centre d’hébergement d’urgence et de réinsertion sociale

Ce « manuel pour les habitants des villes » est un documentaire, en trois volets – à lire et écouter – réalisé par le collectif Précipité dans trois centres d’hébergement d’urgence et de réinsertion sociale, avec leurs habitants. Entre 2003 et 2010, au cours d’ateliers de parole et de réflexion s’échangent les situations sociales et politiques. Comment vivre sans papiers, vivre sans logement, être chômeur ou travailleur précaire ? Quelles expériences des frontières, de l’hébergement social, de l’insertion par le travail ? Comment ces dispositifs de contrôle et de gestion, qui invisibilisent, imposent leur rythme et leurs itinéraires, individualisent, se retournent aussi parfois, dans les pratiques, les usages, les luttes ?
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« Dessiner une utopie un peu merdique. » Bâtir aussi, de la science-fiction pour ouvrir les imaginaires politiques. Entretien avec les ateliers de l’Antémonde

Les ateliers de l’Antémonde ont entrepris d’écrire la vie quotidienne d’un monde révolutionné, anti-autoritaire et anti-capitaliste, dix ans après un soulèvement mondial, l’Haraka. Leurs séances d’écriture collective ont donné naissance au recueil de nouvelles Bâtir aussi, que leurs auteur·es qualifient elles et eux-mêmes d’« utopie ambiguë ». Car si on peut y entrevoir des futurs enthousiasmants, tout est à réinventer collectivement dans ce monde d’après. Le livre, publié en mai 2018 par les éditions Cambourakis, n’a pas clôturé l’exercice : il est devenu le point de départ d’ateliers de réflexion et d’imagination itinérants, les « labo-fictions ». Quand la (science-)fiction devient un levier pour penser la dimension concrète et vivante de possibles processus révolutionnaires.
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Réforme Blanquer : « Les changements sont gigantesques et violents » Entretien avec trois enseignant·es sur la réforme du bac et de l’école publique

Loi sur l’autonomie des universités en 2007, Parcoursup en 2018, réformes des collèges en rafale ces dernières années, réorganisation des écoles primaires en 2008, mutations incessantes des programmes au lycée… L’enseignement public est la pâte à modeler des gouvernements qui se succèdent pour imposer leur vision de la société. Avec Macron, l’étau se resserre. La réforme des lycées et la loi dite « de l’école de confiance » en train d’être votée constituent un changement radical dans la définition de l’éducation publique. D’un côté le statut des enseignant·es se rapproche de celui des militaires, avec interdiction de critiquer l’institution, les drapeaux et les paroles de l’hymne national qui font leur entrée dans les salles de classe, et de l’autre côté, les lycéen·nes désormais trié·es dès la seconde, sans droit à l’erreur. Pendant que les établissements privés bénéficient d’une nouvelle logique de choix d’options à la carte, le métier d’enseignant·e se précarise à une vitesse folle sous prétexte d’austérité, la mise en concurrence des lycées accroît les inégalités territoriales et les conditions matérielles d’apprentissage se dégradent. Bref, la volonté de casser l’école publique, aussi vieille que le libéralisme, est en passe d’aboutir avec Emmanuel Macron et son ministre Blanquer. Les (futur·es) lycéen·nes sont bien entendu concerné·es, mais aussi toute personne qui voit dans l’éducation autre chose qu’une mise au pas de la jeunesse. Jef Klak a rencontré trois profs pour comprendre de quoi il retourne et comment lutter pour une école encore éprise de liberté, d’esprit critique et de justice sociale.
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Pour une réappropriation démocratique des médias Appel

Nous lançons avec des associations, des organisations de journalistes, des médias, des syndicats et des organisations politiques une déclaration commune pour se « mobiliser pour une réappropriation démocratique des médias ». Cette déclaration, à diffuser et signer largement, est une première étape dans la construction d’une mobilisation et d’initiatives communes pour transformer les médias
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Los Angeles 2019 : la révolte des lycées Un mouvement tenace et victorieux pour l’école publique

Démarrée en 2018 en Virginie-Occidentale, la vague de grèves des enseignant·es et personnels d’éducation aux États-Unis engrange d’importantes victoires. Les spécificités de ce mouvement sont nombreuses : distance par rapport aux syndicats traditionnels, alliances avec les organisations de travailleurs et travailleuses précaires, revendications antiracistes et de justice sociale… Le but n’est pas seulement l’augmentation des salaires, mais l’égalité territoriale, sociale et raciale des élèves états-unien·nes. Du 14 au 22 janvier 2019, c’est dans le comté de Los Angeles que plus de 30 000 enseignant·es sont sorti·es de leurs salles de classe pour finalement faire plier l’administration : 6 % d’augmentation de salaire, quatre élèves de moins par classe, une infirmière à temps plein dans chaque école, des programmes sociaux pour les enfants les plus défavorisés… C’est l’histoire racontée par Magally Miranda Alcázar, militante et étudiante en Californie. De quoi inspirer les luttes qui s’organisent pour refuser le modèle libéral de l’éducation, à l’heure où la réforme Blanquer cherche à imposer en France un modèle à l’américaine.
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Manuel pour les habitants des villes 1/3 : Nous sommes dans la frontière Enquête en centre d’hébergement d’urgence et de réinsertion sociale

Ce « manuel pour les habitants des villes » d’aujourd’hui est un documentaire, en trois volets – à lire et écouter – réalisé par le collectif Précipité dans trois centres d’hébergement d’urgence et de réinsertion sociale, avec leurs habitants entre 2003 et 2010. Comment vivre sans papiers, sans logement ? C’est quoi être chômeur ou travailleur précaire ? Quelles expériences des frontières, de l’hébergement social, du travail ? Comment ces dispositifs de contrôle et de gestion de la précarité imposent leur rythme et leurs itinéraires, individualisent, se retournent, parfois, dans les pratiques, les usages, les luttes ?
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