Jef Klak va voir ailleurs

Précédemment dans Jef Klak

Un monument involontaire Sur l’année pandémique d’Egon Schiele

Traduit de l’anglais (É-U) par Judith Chouraqui
Article original : « An Unwitting Monument », Lapham’s Quarterly, 8 mars 2021

Mort à 28 ans de la grippe espagnole quelques jours seulement avant l’armistice de la Première Guerre mondiale, le peintre viennois Egon Schiele a laissé une œuvre témoignant des premières années chaotiques du XXe siècle européen. Partageant les souffrances de ses contemporain⋅es, l’héritier de Gustav Klimt a dû se débattre contre la pauvreté, la guerre, la maladie et la mort de ses proches. À travers l’étude de quelques-unes de ses toiles les plus significatives, retour sur les conditions sociales, matérielles… et sanitaires d’un travail artistique.

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« J’espère reprendre la semaine prochaine. » Entretien de fond pour garder la forme

Nager 4 km, puis pédaler sur 180 km, avant de finir par… un marathon, forcément, ça ne se fait pas sur un coup de tête. Il faut se préparer, 8 à 12 heures par semaine, redécouvrir son corps, son alimentation, son sommeil et ses limites. Quand Thomas s’est lancé dans cet entraînement, il se doutait bien qu’il allait lever le pied sur la picole, et que son quotidien serait bouleversé par une organisation drastique. Mais à ce point-là…

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Maremme amère Toscane, souffrances et cultures ouvrières. Entretien avec Alberto Prunetti

traduction par Muriel Morelli et Laura Brignon

Alberto Prunetti a grandi à Follonica, une ville située en haute Maremme, région faisant partie de la Toscane. Dans Amianto 1, il raconte la vie d’ouvrier itinérant que mena son père, sa maladie, due à l’amiante, contractée sur les chantiers où il travaillait, tout en entrecoupant son récit par ses souvenirs d’enfance dans cette cité industrielle. Son livre, à la fois tragique, drôle et tendre, donne une image non tronquée de ce que les économistes appellent complaisamment le « miracle économique italien », dont on occulte toujours le coût humain et environnemental 2.
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  1. Amianto. Une histoire ouvrière, éd. Agone, 2019. Il s’agit du premier tome d’une trilogie sur le travail en cours d’édition en Italie.
  2. Cet entretien est issu d’une rencontre organisée autour du livre Amianto avec son auteur, à la librairie Terra Nova, à Toulouse.

L’année du wombat Pour un communisme du soin

Traduit de l’anglais (É-U) par Unai Aranceta et Violaine Lamouret

Au tout début de l’année 2020, ce n’est pas encore à la chauve-souris et aux zoonoses que l’on s’intéresse mais au destin des animaux pris au piège dans les énormes feux de forêt en Australie.

Parmi les millions d’êtres vivants qui périssent dans les flammes ou dont l’habitat est ravagé, le wombat fait peu à peu parler de lui. Petit marsupial ressemblant vaguement à un ours, il creuse et vit dans des terriers à l’intérieur des forêts montagneuses d’Australie. Au cœur du danger, il n’hésite pas à accueillir d’autres congénères et d’autres espèces au sein de ses galeries.

Madeline Lane-McKinkey, rédactrice pour Commune et l’une des fondatrices de Blind Field : A Journal of Cultural Inquiry fait ici le pont entre l’expérience des désastres (sanitaire comme écologique) et l’instinct du wombat pour évoquer les luttes du collectif Moms 4 Housing à Oakland, en Californie.

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Les cartes magiques de Jef Micropolitique d’une revue

Dessins : Maya Mihindou et Céline Picard

Comment fonctionnent les rôles implicites et récurrents que chacun·e endosse tour à tour dans les collectifs ? Pour le sixième numéro de sa revue papier, « Pied à terre », Jef Klak a dressé un inventaire non exhaustif de ces fonctions, assumées ou subies, jouées ou évitées, qui circulent sur ses différents terrains : salles de réunion, lieux de résidences, fêtes de soutien, fils de mails ou réseaux sociaux.

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Un terrain favorable

Images : Lucas Ferrero.

« Il y a un terrain qui est à ma grand-mère qui est morte, voilà. Il fallait que je vous le dise dès le début parce que plus j’y réfléchis, moins je sais l’expliquer. »
Jef Klak republie ici un texte extrait du sixième numéro de sa revue papier, « Pied à terre », encore disponible en librairie, issu du partenariat avec le Master de création littéraire de Paris 8.

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La recherche s’aventure en terres indigènes Perspectives maories sur l’exploration scientifique coloniale

Traduit de l’anglais par Samuel Lamontagne et Elvina Le Poul.
Extrait du chapitre « Research Adventures on indigenous lands » de Decolonizing Methodologies. Research and Indigenous Peoples (Zed Books ldt / University of Otago Press, 1999).

Que ce soit James Cook dans le Pacifique ou David Livingstone en Afrique australe, les récits des aventuriers européens des XVIIIe et XIXe siècles ont largement contribué à modelé le regard occidental sur les territoires et les corps qu’ils ont parcourus. Professeure d’Études indigènes maorie, Linda Tuhiwai Smith lutte contre l’invisibilisation des perspectives indigènes et la colonialité inhérente à la production du savoir scientifique 1. À partir de l’expérience maorie, elle remet en cause les méthodes et le rapport aux sources fondés sur la désappropriation, et l’imposition d’un partage entre celleux qui font de la recherche et celleux qui en sont l’objet. 

Dans son livre Decolonizing Methodologies. Research and Indigenous Peoples, paru en 1999 mais à ce jour inédit en français, elle renverse la perspective posée par les récits de voyage des explorateur⋅ices européen⋅nes en terres maories, investiguant ce qui se jouait dans l’ombre de ces chroniques romanesques dans un contexte où la recherche scientifique était indissociable des activités coloniales.

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  1. À l’automne dernier, elle a dénoncé le racisme insidieux qui traverse l’Université de Waikato où elle enseigne. Voir Te Aniwa Hurihanganui, « Academics demand racism within University of Waikato be dealt with », RNZ, septembre 2020, disponible sur <rnz.co.nz>.

Chambouler rôles et casseroles Retour collectif sur une grève de femmes sans-terre en Amazonie

Images : Marcos Santilli

Dans l’État du Rondônia, au Brésil, des paysan·nes sans terre occupent de grandes propriétés contre la confiscation des richesses foncières par une poignée de fortuné·es. Entre le travail agricole, le quotidien de la lutte et l’État policier répressif, ils et elles passent sans cesse d’une urgence à l’autre. C’est pourtant en plein milieu d’une occupation qu’un groupe de femmes lance un pavé dans la mare et dépose, en 1995, un préavis de grève illimitée du travail domestique. Rompant pendant plus de six mois avec les rythmes collectifs, elles prennent le temps de penser leur situation, leurs problèmes et leurs besoins spécifiques, et bouleversent durablement la vie de leur communauté.

À l’occasion de la journée internationale de lutte pour les droits des femmes, Jef Klak publie ici cet article initialement publié dans le sixième numéro de sa revue papier, « Pied à terre », encore disponible en librairie.

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Difé Bananes, chlordécone, cancers

Samedi 27 février 2021, des milliers de manifestant·es se sont rassemblé·es en Martinique, en Guadeloupe et à Paris pour protester contre le déni de justice vécu par les victimes de l’empoisonnement au chlordécone.

Les tribunaux renâclent à établir les responsabilités et la plainte déposée en 2006 est menacée de prescription. Le pesticide, dont la toxicité est connue depuis le début des années 1960, a pourtant été épandu dans les bananeraies de Martinique et de Guadeloupe pour lesquelles il a bénéficié de multiples autorisations dérogatoires jusqu’au milieu des années 1990. Polluant organique persistant et perturbateur endocrinien, il a contaminé les sols, l’eau et les corps – 90 % de la population est touchée – entraînant notamment une explosion du nombre de cancers.

Dans cette pièce sonore , réalisée pour le disque Terre de feu qui accompagne le septième numéro de Jef Klak, résonnent les sonorités du travail agricole de femmes et d’hommes qui approvisionnent en bananes les marchés des pays occidentaux. De la polyphonie nocturne des grenouilles hylodes de Basse-Terre surgit un appel pour sortir de la grande nuit : Difé, difé limanité ki la, difé 1 !

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  1. «  Le feu, c’est le feu de l’humanité, le feu ! »

C’est la route qui compte Portrait de Jef Klak en travailleur⋅se du son

En février 2020 et dans la continuité de l’autoenquête travaillée dans notre numéro « Pied à terre », le groupe son de Jef Klak était invité au festival « Longueur d’ondes » à Brest. À plusieurs voix, nous sommes revenu⋅es sur les pratiques collectives du son en dressant un panorama de nos recherches et expérimentations de différents modes de productions et de collaborations. Au delà du plaisir et de l’enjeu de fabriquer ensemble, comment produire des œuvres, des objets culturels sans avoir de chaînes de hiérarchie entre nous ?

Discussions et écoute d’extraits de nos différentes créations sonores pour faire entendre nos tentatives et nos réflexions, et entrer ainsi dans la fabrique collective du collectif…

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